Apprendre, se tromper et comprendre

Prenons quelques minutes pour remonter le temps.

Rappelez-vous par exemple de la première fois où vous êtes monté sur un vélo… avez-vous su en faire instantanément ? à ce moment précis, avez-vous déclaré à vos parents que vous laissiez tomber le vélo ? avez-vous renoncer à une quelconque activité sous prétexte que vous n’aviez absolument aucune aptitude intellectuelle ou physique ? Je suis persuadée que non, bien entendu. Et si vous pouviez remonter encore plus loin dans vos souvenirs, lorsque vous avez appris à marcher par exemple, à aucun moment vous n’avez songé à abandonner l’idée de la marche sous prétexte d’être tombé des dizaines de fois avant de réussir ne serait-ce qu’à tenir simplement debout. Vous tromper, tomber ou faire des erreurs avant de réussir faisait partie de votre apprentissage.

Revenons à aujourd’hui :

Êtes vous resté le même ? Acceptez-vous l’échec et l’erreur qui favorisent votre réussite ? La réponse est très souvent la même : non. Alors pourquoi enfant nous ne nous encombrions pas du poids de l’erreur ou de la faute, alors qu’aujourd’hui elle est source de peur et d’échec ?

L’enfant ne connaît pas la notion d’échec ou d’erreur. Lorsque il veut faire quelque chose de nouveau, il essaie, et s’il se trompe, il recommence encore et encore jusqu’à y arriver. A aucun moment il ne remet en cause ses capacités. Ses parents quant à eux, soutiennent et encouragent leur enfant, ils savent que les échecs ou les erreurs sont nécessaires pour y arriver. Tout se complique dès le cours préparatoire, car se tromper à l’école n’est pas bien vu, être interrogé à l’oral et donner de mauvaises réponses n’est pas signe d’intelligence, et personne ne tient compte des difficultés que peut rencontrer un élève face à un public et à un professeur, personne ne tient compte de son état d’esprit à ce moment précis où il est interrogé : son stress n’est pas pris en compte, pourtant générateur d’angoisse et de «blanc», et cette machine infernale va générer la peur, la peur de se tromper, qui elle même génèrera la peur d’être moqué, puis rejeté… et ainsi de suite. L’erreur est ainsi sanctionnée. N’importe quel enfant qui à été à un moment donné de sa vie ridiculisé ou moqué, ne voudra même plus essayer de raisonner ou de penser, sa première réaction sera de mettre en place un mécanisme de fuite pour ne pas être sanctionné en cas d’erreur. Ce comportement peut aller jusqu’à l’inhibition.

Pourtant l’erreur est au contraire pleine de bénéfices, tout d’abord elle indique à quel stade nous en sommes dans notre processus de pensée, donc elle permet de nous rapprocher du but, ensuite elle va permettre d’acquérir quelque chose d’extraordinaire : la confiance en soi. Pour cela il faut retenir quelque chose de très simple : l’erreur est normale lorsque nous apprenons, c’est lorsque nous ne tirons pas les bonnes conséquences de nos erreurs que nous nous mettons alors en dynamique d’échec.

«Une personne qui n’a jamais commis d’erreur, n’a jamais tenté d’innover» A. Einstein

Tout nouvel apprentissage comporte la notion d’erreur, cela fait entièrement partie du processus.

En devenant adultes nous ne nous donnons plus droit à l’erreur, et nous passons ainsi certainement à côté des choses pour lesquelles nous sommes faits, en supprimant de nos comportements la possibilité de nous tromper, nous faisons tous les jours un petit peu de la même chose, tout en nous étonnant d’obtenir tous les jours un petit peu du même résultat. Heureusement, il n’est jamais trop tard pour mal faire 😉

6 réponses sur “Apprendre, se tromper et comprendre”

  1. Merci Isabel pour cet article plein de justesse et de vérité. C’est très agréable de lire ceci en ce début de semaine. Il n’y a rien de plus valorisant et noble que de se tromper, recommencer et arriver vers l’objectif que l’on s’était donné !

  2. Merci Isabel
    Je suis d’autant plus en phase avec ce que tu dis que j’en avais écrit un billet ici avec aussi, et surtout, plein de vidéos intéressantes.

    Je suis à ce point convaincu que je ne suis pas en phase avec le mode d’apprentissage établi dans l’éducation nationale. Le système de notes, notamment, favorise cette peur de l’échec. C’est pourquoi j’ai cherché à inscrire ma fille dans une école Montessori.

    A la différence d’autres types d’éducation alternative (comme Steiner), je trouve Montessori beaucoup plus pragmatique, car axé sur la recherche d’autonomie de l’enfant et de confiance en soi. Dans ce type d’école, l’enfant avance à son rythme sur les sujets qui l’intéressent, et surtout, le matériel est pensé pour permettre à l’enfant de trouver lui même son erreur. L’encadrant n’intervient pas pour donner la solution. Et c’est, je pense, l’une des clés pour permettre justement à l’enfant d’être autonome et continuer à avoir confiance en lui, en sa capacité d’apprendre.

    Nous, agilistes, faisons la promotion des jeux pour apprendre, et l’éducation Montessori pousse le concept au bout, puisque tout s’apprend d’abord par du concret, par de la manipulation, par du sensoriel, avant de passer à l’abstrait. C’est vrai pour la lecture, les maths, etc. Du coup l’enfant apprend exactement de la même façon que ce que nous tentons de faire faire à travers nos jeux.

    Les 2 fondateurs de Google ont fait Montessori… Ce n’est pas pour rien si, à travers les descriptions qui en sont faites, cette boite favorise les expérimentations, notamment avec leur 20% de temps alloué à ce qu’ils veulent. C’est d’ailleurs de ce temps-là que sont venus certaines réussites comme GMail…

    Loin de moi l’idée de faire la pub de Montessori, mais ce que j’en ai découvert collait parfaitement aux interrogations que j’avais et répondait à certaines critiques que j’avais contre le système d’enseignement national. Malheureusement, il y a assez peu d’école, et je n’ai pas pu trouver de place pour ma fille dans celle qui se trouve à Montpellier.

    Merci de me permettre d’utiliser tes commentaires pour faire ce retour là, car c’est un feedback que j’avais envie de donner, attenant juste de savoir si je pouvais y avoir une place pour ma fille. 🙂

    1. Merci Jérôme pour ce commentaire.

      Je suis persuadée et convaincue de l’utilité d’un apprentissage différent de ce qu’il est aujourd’hui, sans parler des conséquences qu’il a sur la créativité de nos enfants. Alors oui, je crois qu’il existe d’autres façons de faire, des façons qui permettraient à nos enfants de vivre leur créativité, sans peur du jugement, de faire pour comprendre, et oui l’erreur fait partie du processus !!!

      Je connais bien Montessori, j’échangerai volontiers avec toi sur le sujet, IRL 😉

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